terça-feira, 24 de agosto de 2010

ARBRES-Aux-LUEURS

Un mot,
pour lequel j'ai bien voulu te perdre:
le mot
jamais.

Il y avait,
de temps en temps tu le savais aussi,
il y avait
une liberté.
Nous nagions.

Sais-tu encore, que je chantais?
avec l'arbre-aux-lueurs, le gouvernail.
Nous nagions.

Sais-tu encore, que tu nageais?
Ouverte tu étais devant moi,
tu étais, étais
devant moi,
devant l'avancée de mon âme.
Je nageais pour nous deux. Je ne nageais pas.
L'arbre-aux-lueurs nageait.

Nageait-il? Il y avait
une mare autour. Il y avait l'étang sans fin.
Noir et sans fin, suspendu,
suspendu, en aval du monde.

Sais-tu encore, que je chantais?
Cette -
ô cette dérive.

Jamais. Aval du monde. Je ne chantais pas. Ouverte
tu étais devant moi, devant
l'âme en voyage.

Paul Celan (La Rose de Personne)

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